
Il y a vingt ans, le 27 mars 2002, à la fin du conseil municipal de Nanterre, Richard Durn sortit de ses vêtements et de son sac plusieurs pistolets et tira, méthodiquement, froidement, sur les dizaines de personnes présentes. Il en tua huit et en blessa de très nombreuses. Je souhaite participer à la triste commémoration de cet acte en partageant ce texte. C’est un événement qui a été relativement effacé de la mémoire nationale, et il s’agit d’abord de rendre hommage à ces victimes dont certaines sont encore marquées dans leur chair et leur esprit. Je souhaite aussi proposer un questionnement qui mette en lien ce moment avec ceux vécus depuis par notre nation. Car la dérive criminelle de Richard D. reste comme une blessure touchant l’ensemble du pays. Elle me touche aussi personnellement à plus d’un titre et c’est ce que je propose de découvrir dans ce texte, qui tente de mettre en mots un ressenti complexe et multiple face à ce geste relevant de l’abomination. Richard était un jeune homme qui n’aurait jamais dû s’enfoncer dans cette nuit qui l’a dévoré, et qui nous emmène tous, tel un joueur de flûte maléfique, vers un gouffre que nous nous devons de refuser. Ce récit fera l’objet d’une publication en librairie à la rentrée prochaine, avec deux autres textes.